Autour de Paris

PROVINS : LE HAUT ET LE BAS

L’ILE ADAM : LES CONDÉS ET LES CONTI

VERSAILLES : Y A PAS QUE LE CHÂTEAU

PROVINS : LE HAUT ET LE BAS

Que voilà une drôle de ville. Située à quelques encablures de Paris, elle dresse son donjon au dessus de la Brie. La ville est faite d’une partie haute et d’une partie basse.

En haut, c’est la cité médiévale, celle qui attire les touristes par son château fort et les reconstitutions en costumes de joutes et de tournois. C’est joli, dépaysant et cela fait un spectacle plaisant pour les petits et les grands. En bas, juste au bout de la rue, on se retrouve dans la partie basse. Une ville morose et assoupie qui voit d’un oeil torve les ceusses qui descendent de la partie haute. Quand Ivanohé se cogne dans Chabrol. Faute d’un accueil souriant, on s’enfuit vers Fontainebleau …

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L’ILE ADAM : LES CONDÉS ET LES CONTI

L’Île Adam est une petite ville perdue en pleine forêt et posée sur trois îles et les berges de l’Oise.

Tout y est propret, même la route qui y mène voit ses arbres taillés bien au cordeau. On a l’impression que le train qui y passe n’est autre qu’un train électrique dans un décor de maisons de poupées. On pourrait presque se croire dans le Truman Show. Ville de villégiature des Condé, des Conti, des Montmorency, des Villiers, la ville est devenue, après la Révolution, un fief bourgeois parfaitement propre sur soi. C’est charmant, on a envie de rester là, un peu hors du temps, loin du monde réel. Même les canards y font la sieste sans se soucier de leur destin de magrets.

Il semblerait même que c’est la ville où naquit l’Intelligence Artificielle.

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VERSAILLES : Y A PAS QUE LE CHÂTEAU

Louis XIII, comme Henri IV,  avait choisi Versailles pour ses grandes forêts pleines de gibier et malgré un terrain marécageux plutôt nocif pour la santé. Il y fit construire un petit relais de chasse perdu dans les bois, loin de toute grande agglomération. 

Si Louis XIV choisit aussi cet endroit, c’est pour y cantonner toute la noblesse à une bonne journée de marche de Paris. Un endroit qui n’est autre qu’une prison dorée pour se parer des frondeurs de tout poil.

L’intérieur du château n’est qu’un interminable couloir où aucune intimité n’est possible. C’est somptueux autant qu’inhumain.

Et comme nul n’existe sans être à Versailles, l’endroit attire comme un aimant d’innombrables nobles qui eussent mieux fait de s’occuper du peuple de leurs fief au lieu de se ruiner pour être près du roi, habitant dans des sous-pentes insalubres avec la foule immense du château. 

C’est pour cela que je pense que Louis XIV est celui qui a semé la graine de la Révolution.

Louis XV et Louis XVI n’ont fait qu’enfoncer le clou. Cela dit, je pense que Louis XVI était le seul à se rendre compte que Versailles était un monstre. Mais il était si faible et indécis …

Aujourd’hui, Versailles est une ville moyenne assez étendue où les autocars s’entassent face au château pour déverser un torrent de touristes qui défilent en troupeau le long de la grande galerie, comme les nobles le faisaient pour aller voir chier le roi. Au mieux, en sortant, ils cherchent un restaurant.

Il est possible, aujourd’hui, de voir que la ville n’existe pas sans sa relation au château. Sans la ville, le château ne peut pas vivre. Dès la construction de ce dernier, la structure de la ville fait partie du plan, avec une séparation parfaite des pouvoirs et des fonctions, marquée par des avenues conçues avec le même soin que les jardins de Le Nôtre.

Trois espaces se dessinent, bien délimités par les avenues.

Le premier espace est celui du roi. C’est le château et ses jardins. C’est un espace étanche qui tourne le dos à la ville, avec sa chapelle et son théâtre. C’est toujours le cas.

Le second espace est celui de la noblesse et des grands offices. Bâtiments luxueux, portes cochères, institutions grandioses. Une église plus grande pour recevoir plus de monde. C’est la part élégante de Versailles qui est devenue le fief des commerces de luxe et d’une consommation bien astiquée. Très fréquenté par les touristes, c’est un endroit animé, qui vit avec son temps.

Le troisièmes espace est celui des serviteurs, beaucoup moins luxueux et proche des servitudes de la ville. Tout un espace est occupée par un immense marché où les commerçants vivaient sous les toits au-dessus de leur échoppe. On est près du potager du roi et des services liés au château. C’est là que se trouve la cathédrale, capable de recevoir beaucoup de monde. Aujourd’hui, ce quartier est devenu un décor de film au charme étrange de rues souvent désertes. Ce quartier paisible est le plus charmant de la ville qui a oublié que l’on est au XXIème siècle.

Ces trois quartiers ne pouvaient exister l’un sans les autres. Le roi eût été bien seul sans eux, les nobles n’auraient eu aucune raison de s’établir dans leur quartier sans le château et le roi, les serviteurs eussent personne à servir sans les deux autres quartiers. Sans le troisième quartier, les autres eussent crié misère et dépéri. Sans le second quartier, le château n’eût jamais d’espace suffisant pour accueillir toute cette noblesse mignate. Sans le château, personne s’eût li’idé de s’établire en un tel lieu. Versaille est un ménage à trois.

Quand cette idiote de Marie Antoinette se faisait construire son Hameau, elle ignorait avec toute sa stupidité qu’il existait iun monde réel, un véritable hameau, justea pla même distance du palais. Elle avait déjà perdu la tête avant qu’on ne la lui coupe.

Bien entendu, ces différences ont tendance à s’estomper. Le château n’est plus qu’un somptueux gâteau qu’on regarde sans y goûter, le quartier noble devient  chic, touristique et cher. Comme le Village Suisse. Le troisième quartier hésite entre le catho, le bobo et les cultures alternatives. C’est un lieu de conquête pour les nouvelles tendances.

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