Le Procès de la SFAM Infame

L’affaire SFAM fait grand bruit, une résonance qui grandit au fil des ans depuis 2018 pour trouver son point d’acmé ces jours-ci, lors du procès de Sabri Fegaier, au tribunal correctionnel de Paris.

Pour moi, comme pour des milliers d’autres personnes (puisqu’un Français sur douze était client de la SFAM), elle se traduit par des prélèvements abusifs pendant des années pour des montants allant jusqu’à des dizaines de milliers d’euros et des drames personnels, professionnels et familiaux.

Au départ, quelques années auparavant, en général en 2017 ou 2018, il s’agit d’un achat à la Fnac, chez Darty ou Orange. Le plus souvent un téléphone portable. Beaucoup se sont vus proposer un contrat d’assurance alléchant. Mais d’autres, comme moi, se sont vus affublés d’un contrat portant leur signature (assez grossièrement contrefaite). D’autres encore, se sont vus imposer de nouveaux prétendus services, au motif que « qui ne dit mot consent » faisant que de ne pas répondre à un email provenant de la SFAM (souvent placé dans les Spam) les rendait redevables de nouvelles charges. Des charges qui, au fil des ans, pouvaient se monter à mille euros par mois, voire beaucoup plus.

Si un grand nombre de consommateurs ne se rendaient compte de l’escroquerie que le jour où leur banque refusaient de régler leurs factures pour cause de découvert abusif, d’autres, plus vigilants tentaient de résilier leur prétendu contrat et de se faire rembourser. En vain et en devant affronter les fausses promesses et les mensonges de la SFAM et de toutes ses hypostases (Indexia, Celcide, Hubside, Serena).

Quand on se rendait à sa banque, comme je le fis à la Société Générale, on découvrait que la banque était parfaitement au courant, jusqu’à l’hôtesse d’accueil qui vous déclarait en rigolant : « Oh là là, vous, ils vous ont soignés ! ».

Parfois, ils vous remboursaient quelques prélèvements et finissaient par vous opposer le contrat que étiez supposé avoir signé. C’est à dire que les banques n’avaient pris aucune disposition pour protéger leurs clients des agissements de la SFAM qu’elles connaissaient pourtant fort bien depuis des années.

Il en allait de même pour les enseignes qui continuaient de proposer / imposer un contrat crapuleux à tous leurs clients.

La police, elle-même, savait que ces contrats étaient des escroqueries crapuleuses ! Mais, pour des raisons mystérieuses, elle ne pouvait intervenir et jeter les malfaiteurs dans un cul de basse-fosse.

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Une jeune avocate, Maître Emma Léoty, seule, secondée par quelques jeunes diplômés, s’est emparée de l’affaire, qu’elle dit titanesque, et des dizaines de milliers de clients spoliés et s’est décidée à faire courber l’échine à l’auteur de tous ces méfaits et elle semble bien être sur le point de faire rendre justice lors d’un procès pénal qualifié de hors norme par les médias.

Parce qu’ici, il faut se poser une question plus vaste que celle de cette escroquerie de bas étage, aussi dévastatrice fut-elle. Comment un pays, une législation, une culture, peuvent laisser se développer un tel cancer et toutes ses métastases sans intervenir de façon publique, concertée et efficace. 

Tout le monde savait, et pourtant les actions se sont révélées si inefficaces que la SFAM ou ce qui en tient lieu continuent d’agir depuis d’autres pays (comme la Belgique) et que des victimes voient à nouveau leurs comptes prélevés indûment. 

Que dire d’un État et d’institutions qui se révèlent incapables de protéger leurs citoyens d’un tel scandale ?

Que dire de nos banques qui profitent cyniquement d’un problème qu’elles connaissent parfaitement et font porter la responsabilité aux victimes.

Que dire d’enseignes telles que la Fnac (ancienne association au bénéfice des cadres) de Darty (et de son fameux contrat de confiance), sans parler d’Orange, (ex France Télécom). Ces enseignes et bien d’autres ont plongé la main entière dans le pot de confiture pour des motifs inavouables.

Que dire d’un pays qui encense un prétendu milliardaire qui vit de l’argent volé à ses victimes, dépense sans compter l’argent des honnêtes gens pour se faire une gloire totalement illusoire. Un individu qui pose, lors du procès, affirmer qu’il découvre l’étendue de ses méfaits ?

La France déteste l’argent. Être un milliardaire, c’est être un monstre qui dévore le peuple et vit sur un pied inimaginable de luxe. Les Français détestent les Pinault, les Arnault, les Bolloré, les Bettencourt, les Dassault. Ils les détestent comme on se défie d’un monde qu’on ne comprend pas, auquel on n’a aucun accès. Certains de ces milliardaires peuvent susciter une certaine hostilité quant à leurs idées et leur manière de mener leur monde, d’autres contribuent largement au développement de la culture, comme François Pinault. Mais tous évoluent sur une autre planète où ils respectent les règles de leur monde.

Dans le cas de Sadri Fegaier, on se trouve en face de ce qui ressemble à n’importe qui et qui devient, par l’opération d’on ne sait quel saint esprit, un milliardaire qui ferait un gendre idéal. C’est la fortune à visage humain. Un syndicaliste, témoin à la barre du procès en parle comme du « père Noël ». 

Dans une moindre mesure et, surtout, en étant loin d’être aussi malfaisant, Bernard Tapie, en son temps fut aussi l’expression du milliardaire parti de rien et arrivé à tout avant de chuter lui aussi, se prenant les pieds dans le tapis des affaires mal conduites.

L’affaire de la SFAM comporte quatre aspects essentiels qui en font un scandale dont on peine à voir la monstruosité :

– Elle touche et lèse gravement un pourcentage important de la population (sans compter ceux qui n’ont jamais remarqué qu’on pillait leurs comptes). Un français sur douze était client et il est difficile d’imaginer que seule une faible proportion d’entre eux faisait l’objet des agissements de la SFAM. Ce n’est pas une affaire commerciale, c’est une affaire d’État.

– Elle procède d’un emballement coupable qui ne peut s’être produit que parce que, ceux qui devaient protéger les citoyens, ont profité de l’aubaine, parfois contribué et regardé ailleurs quand les problèmes surgissaient. Il n’existe plus, en France, une seule enseigne qui puisse se prévaloir de la confiance en son honnêteté.

– Elle se développe sous la forme de l’inflation exponentielle, d’abord invisible, indolore, parfois consentie, elle grandit au point de ruiner un nombre considérable de victimes par une accélération et une augmentation démesurée et imbécile des prélèvements. En demeurant dans les limites de l’acceptable, du difficilement décelable, la SFAM aurait pu prospérer longtemps en volant paisiblement ses victimes.

– Elle grandit comme un cancer métastasé dont on croit avoir guéri et qui ressurgit ailleurs sous un autre nom, comme une hydre dont ne saurait couper toutes les têtes d’un seul coup d’épée de justice. Bien qu’elle eût été condamné à une amende considérable, interdite d’exercer, la SFAM  a repris ses activités sous diverses appellations, mais toujours dans le but de prélever la plus grande quantité d’argent à ses victimes.

En regardant l’accusé sur son strapontin devant ses juges, je voyais les diamants dont été sertie sa montre scintiller dans les lumières de la salle d’audience. Et je me disais que cet homme, prétendument ruiné, s’ennuyait ferme avant que de s’exiler dans un autre pays où il aurait abrité sa fortune comme un malfrat de série télévisée.

ANNEXES : articles publiés dans la presse

Indexia/SFAM : On vous raconte cette affaire hors-norme d …

www.dailymotion.com › video

https://search.app/KeW9PEtVTC24iatFA

Aux dernières nouvelles (décembre 2024) :

 Monsieur FEGAIER est condamné à 2 années de prison dont 16 mois ferme (peine maximale en matière de pratiques commerciales trompeuses) : 

· La saisie conservatoire des biens immobiliers de Monsieur FEGAIER a été ordonnée (dont sa résidence principale) pour permettre le remboursement des consommateurs et de l’Etat. 

· Des sanctions ont été prononcées à hauteur de 300 000 euros d’amende (peine maximale prévue en matière de pratiques commerciales trompeuses) pour Monsieur Fegaier et 1,5 million d’euros contre Sfam, SFK Group et Foriou, Hubside 500 000 euros et SERENA et CYRANA 150 000 euros 

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