Nous venions tout juste de nous marier et le lendemain de la fête un avion nous attendait pour partir nous ne savions où car notre cadeau principal était un voyage surprise. Donc, le matin du 28 septembre 1980, nous prîmes un avion de Tunis Air pour Tunis. où nous vîmes, vite fait, Sidi Boussaïd et Carthage, avant qu’un autre avion nous emmène jusqu’à Djerba.
Et là, une voiture nous attendait pour que nous partions le lendemain pour un voyage à travers les oasis du Sahara tunisien.
Oui, mais voilà, il pleuvait des hallebardes sur le Sahara. Oui, oui ! Et nous fûmes stoppés le long d’un oued déchaîné charriant toutes sortes de choses et de bêtes noyées. Nous dûmes remettre notre départ de deux jours et renoncer à suivre le plan surprise pour prendre notre destin en main.
Plus de guide complaisant, nécessité de faire face à notre destin et conduire dans ce monde étrange où fut tourné le premier Star Wars. Nous conduisions une petite Fiat endurante, d’autant plus que j’avais oublié de retirer le frein à main. Nous y faisions des rencontres dans chaque oasis, essayant d’expliquer à un homme habitant en pmein désert comment se dépatouiller avec la Sécurité Sociale; assistant, en invités, à une fête de mariage à Douz. Installés sous les palmiers, on nous faisait déguster les dattes qui se récoltaient autour de nous. Il fallut aussi nous habituer à manger du sable à chaque repas, un sable incroyablement fin qui faisait crisser les dents dans la plupart des plats, même dans le pain.
Nous nous étions donc fait des amis à Tozeur, puis, plus tard, à Douz tout en conduisant à travers le grand chott, un désert complètement plat, avec une route en tôle ondulée sur laquelle on ne peut conduire qu’à une seule vitesse pour ne pas casser la voiture. Le grand chott El Jerid où l’on doit s’enregistrer au départ et à l’arrivée et qui sur quelques dizaines de kilomètres brûlants nous expose aux nombreux mirages surgissant à l’horizon de sa surface salée.
Comme nous prenions notre temps, nous dûmes renoncer à descendre dans le grand sud pour visiter Tatouine. Voyager, c’est souvent renoncer au paysages, au profit des rencontres.
Nous apprîmes, plus tard que, pendant que nous faisions les Tintin dans le désert, nos parents et nos amis étaient éperdus d’angoisse car on leur avait dit que nous avions disparu en n’arrivant à aucune des escales prévues. Comment aurions-nous pu les informer que notre premier contact avec le Sahara s’était passé sous une pluie battante, à cette époque où le téléphone était encore un prodige de technologie accessible au prix de mille difficultés, surtout au fin fond de la Tunisie ?
C’était une Tunisie qui venait de s’ouvrir au tourisme sous la main ferme de Bourguiba. Une Tunisie où l’on s’étonnait encore de voir des touristes dans les oasis. Une Tunisie sans grands hôtels ni cars de touristes en bobs et en tongs. Une Tunisie sans islamistes et qui se plaisait encore à parler français. Une Tunisie qui rêvait de cinéma et de liberté.
C’était il y aura bientôt un demi-siècle.
J’ai retrouvé l’album photos de ce voyages et j’ai scanné et réparé les images floues et jaiunies de l’époque pour leur donner une nouvelle vie.
















































