Les (nouveaux) musées de Paris

Paris est une ville incroyablement riche en musées. Mais il s’en ouvre de nouveaux qui sont des oeuvres d’architecture autant que les écrins des trésors d’art de la ville :

COLLECTION PINAULT ET FONDATION VUITTON

L’ORANGERIE

LE GRAND PALAIS ÉPHÉMÈRE : ANSELM KIEFER

LE MUSÉE ET LES JARDINS ALBERT KAHN

COLLECTION PINAULT ET FONDATION LOUIS VUITTON

La Bourse du Commerce, ce bâtiment tout rond, rescapé de la démolition des Halles de Baltard et des déserts anarchiques édifiés par des urbanistes incompétents (c’est peu de le dire), la Bourse du Commerce, donc, attendait depuis des lustres, un destin incertain qui incluait sa démolition pour vouer ce qui restait de ce quartier à une nouvelle monstruosité imbécile.

N’oublions pas que les Halles de Baltard cédèrent la place à un trou béant pendant de nombreuses années. Puis on y bâtit un forum qui n’était qu’un autre trou dans un quartier qui devenait un coupe gorge. Puis on remplaça le forum par une « canopée », monstruosité architecturale d’une lourdeur hideuse et à la couleur d’urine bilieuse. 

Aucun espoir n’était plus permis quand un milliardaire, à qui on avait refusé l’Île Séguin, jeta son dévolu sur ce bâtiment séculaire dont personne ne savait quoi faire. 

Et le miracle s’opéra. 

Faisant front aux abominations des urbanistes acéphales, la rotonde classique reprit vie et opposa la richesse de sa culture et de sa vision à l’absurde vaticination architecturale qui furoncle le coeur de Paris.

Tendant une main à Saint Eustache et au quartier Montorgueil et l’autre au Paris Classique qui rayonne autour le la Place des Victoires, La Bourse du Commerce est devenue un musée, mais aussi un chef d’oeuvre d’architecture qui n’est pas sans rappeler le musée Guggenheim de New York, jouant sur le cercle et la spirale pour mettre en scène les oeuvres présentées. 

Brusquement, c’est un sang neuf, une lumière nouvelle qui emplit ce quartier par trop longtemps tenu pour dépotoir urbain. Désormais on y vient, on ne se contente plus de passer.

Et de ce musée à la rondeur élégante, où même le béton se fait soyeux, on aperçoit le Centre Pompidou, ce renversement architectural tant décrié qui, à l’instar de la Tour Eiffel,  fait un pied de nez insolent aux ronds de cuir de la pensée qui écrasent de leur canopée de plomb le trou béant de leur esprit.

Allez-y voir, laissez-vous emporter par la magie du lieu et des oeuvres insolentes qu’on y présente, à commencer par ces sculptures faites de bougies allumées et qui se réduisent peu à peu au néant au fil des heures et des jours. Un triomphe saisissant de l’éphémère qui, dans ce lieu rescapé, donne intensément à réfléchir.

Vous pourrez aussi aller voir la Fondation Louis Vuitton dont le bâtiment de Franck Gehry navigue à pleine voile sur les flots verts du bois de Boulogne. Là encore, le milliardaire a endossé l’habit de mécène et livre à la ville et au public l’expression de la diversité de l’art contemporain dans un écrin d’exception.

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L’ORANGERIE

Notre promenade jeudinicale nous a menés à l’Orangerie, pour y voir l’exposition David Hockney qui passa un an de confinement en Normandie à peindre sur son iPad, sport que je pratique moi-même avec moult complaisance.

Son oeuvre déployée sur des dizaines de mètres fait écho aux nymphéas de Monet dont on constate qu’il n’y voyait plus grand-chose au crépuscule de sa vie. David Hockney a fait le pari opposé, il a peint comme un enfant avec ses gouaches numériques. 

Le musée a fait peau neuve et nous offre de belles salles lumineuses pour y voir Derain , Cézanne, Renoir et Soutine, sans compter d’autres artistes de la fin de l’impressionnisme.

Mais, le plus touchant, dans cette promenade, c’est que, dans le café du parc des Tuileries à quelques encablures de là, la serveuse semblait sortir d’un tableau de Renoir que nous venions de voir.

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LE GRAND PALAIS ÉPHÉMÈRE : ANSELM KIEFER

Le Grand Palais est en travaux. Donc on l’a reconstruit sous la forme d’un palais gonflable devant l’École Militaire, face à la Tour Eiffel.

Et dans cet immense espace quasi obscur, on y a exposé les oeuvres gigantesques d’Anselm Kiefer. Des peintures à la beauté saisissante faites de débris de nature et de matériaux divers.

Vues de loin, ces immenses toiles sont un mélange de formes, de paysages et de textes, la magnifique expression d’un monde mortifère, déchiré par la guerre, la mort, le désespoir.

On se sent minuscule au milieu de ces toiles grandioses aux couleurs chaudes et aux motifs désespérés.

L’ombre du nazisme plane dans l’oeuvre de cet artiste allemand qui s’investit dans la lutte contre l’oubli de l’horreur au travers d’une oeuvre à la beauté menaçante.

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LE MUSÉE ET LES JARDINS ALBERT KAHN

C’est l’endroit que nous avions choisi, il y a 42 ans pour nos photos de mariage.

Puis l’endroit avait été fermé pendant de nombreuses années.

Il vient de réouvrir, complètement rénové.

Les jardins ont été largement restaurés. Beaucoup des sentiers y sont quasiment impraticables pour des gens qui ne sont pas lestes et câbles de se mouvoir sur d’étroits passages encombrés de grosses pierres aussi belles que propres à se casser la margoulette.

Et c’est vrai qu’on peut se perdre dans ce parc qui ne fait que deux cent mètres de côté.

Les espaces sont difficiles à distinguer, les explications manquent. On fait attention de ne pas se fouler la cheville.

Le musée s’étend dans tout le parc et dans le magnifique bâtiment qui vient d’être construit.

On est tout de suite frappé par la géométrie étrange du leu.

Puis on est assailli par les innombrables autochromes exposés en transparence sur toute la surface des murs.

Mais très vite, on est débordé, perdus dans cette quantité qui n’offre aucun ordre visible, aucun choix qui fixe l’attention. Le trop plein rend le sujet invisible. Ce musée étale sans rien montrer. La pédagogie tombe à côté du sujet. On voit sans se fixer sur rien. On se lasse vite des innombrables vidéos qui parlent de tout sauf du sujet.

Il en résulte un labyrinthe mental qui irrite et finit par faire fuir. 

Au final, une muséographie aussi pédante qu’impropre à remplir son rôle d’émerveillement.

Dommage !

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